«J’ai ressenti une forme d’auto-stigmatisation face à la manière dont la leçon a été présentée, surtout lorsque l’enseignant a dit qu’il avait peur d’être entouré de personnes séropositives. » – Jeune participant à la consultation régionale Positive Learning (Afrique anglophone).

Les Principes directeurs internationaux sur l’éducation à la sexualité des Nations Unies ont fait l’objet d’une révision et d’une mise à jour majeures en 2018 afin de tenir compte des preuves récentes et des enseignements tirés de la mise en œuvre de l’ECS dans divers contextes. La section 8.2, « Stigmatisation associée au VIH et au sida, traitement, soins et soutien », est particulièrement pertinente pour les adolescent(e)s et les jeunes vivant avec le VIH. Ses objectifs incluent la responsabilité, pour l’ensemble des apprenant(e)s, de contribuer à la création d’environnements sûrs et favorables pour les personnes vivant avec le VIH, et de respecter et protéger leurs droits à l’amour, au respect, au soutien, aux soins, à un traitement opportun et à des relations épanouissantes sur un pied d’égalité.

Une grande partie de l’éducation à la sexualité a été fortement axée sur la prévention du VIH sans toutefois répondre aux besoins des adolescent(e)s et des jeunes vivant déjà avec le VIH. Ces dernières années, il est devenu manifeste que l’approche qui consiste à se concentrer uniquement sur la prévention du VIH est malavisée et potentiellement stigmatisante. Les écoles et les enseignant(e)s ont le devoir de veiller à ce que les informations sur le VIH et la prévention du VIH soient fournies sans perpétuer la stigmatisation ni les préjugés à l’encontre des personnes vivant avec le VIH. Aucune école ni aucun espace d’apprentissage, même dans les milieux à faible prévalence, ne devrait supposer que tous les apprenant(e) s sont séronégatif(ive)s ou ne sont pas affecté(e)s par le VIH. Lors des cours sur le VIH, il est important d’insister sur la propre valeur des personnes vivant avec le VIH, et pas seulement sur la manière dont elles peuvent empêcher la transmission à d’autres.

L’enseignement scolaire et extrascolaire sont également importantes (et complémentaires) pour atteindre la qualité de l’ECS et y avoir accès. Les récentes directives de l’ONU sur l’ECS extrascolaire comprennent des recommandations spécifiques pour le développement, la mise en œuvre, l’enseignement et les méthodes d’apprentissage des programmes et pour répondre aux besoins des adolescent(e)s et des jeunes vivant avec le VIH, et reconnaissent que les jeunes peuvent avoir de nombreuses et diverses identités et affiliations.

L’ECS extrascolaire revêt une importance particulière pour les adolescent(e)s et les jeunes déscolarisé(e)s ou dans des contextes où l’ECS n’est pas incluse dans les programmes scolaires, où l’ECS à l’école n’est pas complète ou de grande qualité, et où l’ECS à l’école n’est pas adaptée aux besoins de groupes spécifiques d’adolescent(e)s et de jeunes. Les espaces numériques représentent également une source d’informations et de soutien de plus en plus importante pour les adolescent(e)s et les jeunes vivant avec le VIH, où différents médias peuvent être utilisés pour atteindre divers publics et où les adolescent(e)s et les jeunes eux-mêmes peuvent créer et partager des contenus.

La qualité et la pertinence des programmes scolaires et de la formation des enseignant(e)s sont essentielles pour préparer les enseignant(e)s à dispenser l’ECS. Il existe un parallèle direct avec les résultats sur ce qui rend l’ECS efficace pour les adolescent(e)s et les jeunes ; les enseignant(e)s, eux aussi, apprennent davantage sur le VIH lorsque le contenu est spécifique au contexte et intégré dans des expériences vécues et lorsque les méthodes d’enseignement sont participatives et activement engageantes, et encouragent la réflexion personnelle. Sinon, il devient beaucoup plus difficile pour les enseignant(e)s de traduire leur formation en une prestation efficace en classe. Il est important que le secteur de l’éducation tienne les écoles et les enseignant(s)s responsables de la qualité des séances d’ECS proposées.

Il a été démontré que les programmes d’ECS qui traitent des questions de genre et de pouvoir sont cinq fois plus efficaces que ceux qui ne le font pas, et sont associés à un taux significativement plus faible d’infections sexuellement transmissibles et de grossesses non désirées. L’ECS a également un impact plus important lorsqu’elle est activement liée aux services locaux destinés aux adolescent(e)s et aux jeunes, y compris l’accès à des produits tels que les préservatifs.

Comprehensive sexuality education

Recommandations

1.1Offrir une éducation complète à la sexualité de bonne qualité à tou(te)s les apprenant(e)s. L’ECS devrait non seulement inclure des informations sur la prévention du VIH, mais aussi des informations exactes dénuées de tout jugement pour éliminer les idées reçues sur le VIH, réduire la stigmatisation liée au VIH et accroître les connaissances et la compréhension du traitement, des soins, du soutien et des droits liés au VIH. 

1.2Offrir une ECS fondée sur l’égalité des genres et le respect et la responsabilité partagés en matière de santé et de droits sexuels et reproductifs, en mettant l’accent sur les compétences en communication, l’apprentissage social et émotionnel, la confiance en soi, l’estime de soi, la résilience, le consentement et le plaisir. Cela devrait inclure le développement de compétences, d’attitudes et de comportements qui préviennent et traitent la violence basée sur le genre contre les adolescentes, les femmes et les personnes s’identifiant à d’autres genres.

1.3Veiller à ce que l’éducation à la sexualité couvre les droits des personnes vivant avec le VIH d’avoir des relations et une vie sexuelle épanouissantes, et que tous les enseignant(e)s et apprenant(e)s comprennent que le fait de suivre un traitement antirétroviral efficace avec une charge virale indétectable signifie que le VIH ne peut pas être transmis à des partenaires sexuels (indétectable égale non-transmissible, ou U=U).

1.4Compléter l’ECS scolaire et extrascolaire avec plusieurs sources d’informations sur le VIH, la sexualité, la santé et les droits sexuels et reproductifs et la réduction des risques pouvant être consultées discrètement, au sein de la communauté ou par le biais de ressources numériques fiables telles que des applications pour smartphones, des robots de conversation ou d’autres ressources en ligne.

1.5Travailler avec les parents / aidants, les membres de la communauté, les chefs traditionnels et religieux pour combattre les idées reçues concernant l’ECS et les aider à mieux comprendre les réalités, les droits et les besoins en matière de santé sexuelle et reproductive des adolescent(e)s et des jeunes vivant avec le VIH.

1.6Veiller à ce que l’éducation sexuelle réponde aux besoins et aux droits spécifiques des adolescent(e) s et des jeunes dans toute leur diversité, y compris les jeunes hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes et les jeunes transgenres, et couvre les questions relatives à l’orientation sexuelle, à l’identité et à l’expression de genre d’une manière fondée sur des preuves et non discriminatoire.

1.7L’ECS devrait adopter des approches tenant compte des traumatismes et reconnaître que certain(e) s adolescent(e)s et jeunes peuvent avoir subi des traumatismes, individuellement ou en tant que membres d’un groupe, en raison de discrimination, de violence (y compris sexuelle), d’un conflit familial ou d’une crise humanitaire.